dimanche 2 mars 2014

Fribourg - Ville de Ponts, ville d'Omis?



Connu et reconnu en tant que ville de ponts, il était logique que je prenne le temps d'aller étudier les ouvrages d'art qui enjambent la Sarine afin de voir si la grande muette a transformé les icônes de Fribourg en pièges. 

Le verdict tombe en toute logique: sur l'ensemble des 11 ponts de la ville de Fribourg, 6 étaient clairement minés et comportent encore des traces de leur passé militaire. 3 autres sont soupçonnés avoir été miné si l'on se fie à la doctrine de l'époque mais ne comporte de nos jours plus la moindre trace de  minage, les 2 derniers n'avaient pas d'importance stratégique ou construit après cette politique d'application du minage permanent. 

Pour cette visite, nous allons au point le plus en aval de la Sarine et allons la descendre petit à petit.

Le Pont la Glâne
Si il n'existe à ce jour plus la moindre trace physique d'Omis sur cet ouvrage, c'est dans les archives papier que l'on y retrouve des bribes.  L'omi qui équipait ce pont à été liquidé dans les années 80. 

Le Pont de Pérolles


Doté d'un tablier de 550m soutenu par 15 piliers, le pont de Pérolles n'est pas un petit gabarit. Sur cet ouvrage, on relève des accès visibles  aux pieds des piliers. Leur répartition est un peu aléatoire:  parfois ces accès se présentent à chaque pilier, et d'autre fois tout les 2 piliers. Bien évidemment, certains d'entres eux sont militaires. 

Ces issues visibles aux pied de ces piliers sont clairement militaires: 
Entrée n°3 du pilier Oratoire 

Entrée n°4

Entrée n°5

Entrée n°6

Entrée n°7

L'affectation des autres issues sont plus floues: elles peuvent être militaires, mixtes (militaire, et technique, souvent reconnaissables par un double cylindre) ou purement civiles: 
Entrée n°1

Entrée n°2

Entrée n°8

Chose intéressante, le minage s'effectue (manifestement) sur les points les plus élevés des voûtes. Juste au dessous du tablier. Les accès aux pieds des piliers ne débouchent donc pas directement sur la chambre de minage mais sur les réseaux d'échelles menant aux puits de minage installés en conséquence parfois à 80m au dessus du planché des vaches. 

visible dans la vidéo concocté par Grimper.ch, voici l'intérieur du
pilier "Oratoire". L'échelle permettait à la troupe d'accéder au sommet des voûtes. 

 Il est donc tout à fait concevable de penser que le réseau de canal pour cordeaux détonnant communiquant entre les divers puits longe tout au long du tablier, au sommet des voûtes 

Autre point remarqué, c'est l'ensemble de l'ouvrage qui  aurait été détruit. Certains accès étant équipés de tube débouchant sur l'extérieur (notamment dans le pilier "Oratoire") il n'est pas impossible de penser qu'un schéma de destruction partiel pouvait être déployé.

L'entrée 3 (ici présente) et 6 sont équipées d'un tube
débouchant sur l'extérieur


Le pilier "Oratoire"

Ceci étant dit, aucune présence de PMA n'est observée. Il n'est pas impossible du tout que c'est une des chambres présentes aux extrémités qui pouvez renfermer le poste d'allumage.

Malgré toutes ces observations, il n'est pas évident ici de cerner le shéma exact du minage. Il faudrait pour bien, se promener dans les divers piliers pour définir exactement quelles sont les "FEUX" issues militaires exactes et le nombre de puits exacte qui assurent le minage de cet OMI.


Le détail du béton découpé "par la suite" au disque et la porte muni d'un double cylindre
confirme un utilisation militaire... 



Une passerelle  et échelle similaires à celles qui se trouvaient au viaduc de Grandfey 


Le Pont de La Motta


 Un accès pouvant se faire par Montorge annule en quelque sorte la présence d'un omi à cet endroit. Même si le pilier central accuse un travail de maçonnerie récent qui pourrait laisser supposer la présence d'une chambre à cet endroit.


Ce travail de maçonnerie pourrait murer une chambre, mais impossible de confirmer
son origine militaire 


Le Pont St-Jean

Aucun signe de minage se trouve sur se pont. il n'est pas impossible que le chantier de renforcement effectué en Juin 1988 a fait disparaitre les éventuels puits.


Image du chantier de Juin 1988 (mes remerciements vont à Madame Déforel pour le prêt de ces images) 


Image du chantier de Juin 1988 (mes remerciements vont à Madame Déforel pour le prêt de ces images) 



Image du chantier de Juin 1988 (mes remerciements vont à Madame Déforel pour le prêt de ces images) 



Le Pont du Milieu

Ce pont présente les même "symptôme" que celui du Pont de St-Jean. Aucune trace de minage. Attention néanmoins au observateurs: des puits sont bien présents, mais il s'agit de puits prévu à des effets civils


Le Pont de Berne


Le puits de relais présent devant le pont (rive "place St Jean") trahi la présence d'un ancien minage à cet endroit.  



De plus, la mise en place de ce puits (estimé aux environs des années 1970) correspond au retrait d'une passerelle de service se trouvant sur le pilier centrale de l'ouvrage. Une passerelle qui devait sans aucun doute permettre l'accès à une niche de minage emménagée sur ce pilier.  



Sous le puits de relais, se trouve un boitier qui ressemble à un boitier de relais (visible dans la voûte du passage piétons passant sous la route). Aucune trace d'un puits de charge n'est maintenant visible à cet endroit.




Octobre 2016
Les travaux observés tout proche du pont durant ce mois d''octobre 2016 me font penser que le puits vit ses dernières heures. Cette impression est confirmé fin octobre. Le puits n'est maintenant plus visible et laisse place à une nouvelle zone pavé renouvelé.  






Le Pont du Gottéron

Tout proche du Pont de Berne, le Pont du Gottéron était miné. Et plutôt 2 fois qu'une. Il est intéressant de s'y approcher un peu.


A quelques mètres de sommet des arches, on peu distinguer de part et d'autre de celles-ci ce qui pourrait s'assimiler à des échelles.



Il s'agit en fait des bases scellées dans le bétons qui permettaient d'y visser les rails pouvant acceuillir les divers charges V.  En regardant de plus près, on observera encore la présence de gonds qui sont en fait les points d'encrage des échelles/échafaudages mis en place en temps voulu pour la pose des charges par la troupe. Cela va même plus loins puisque les barrières de sécurité amovibles encore visibles sont celles de l'armée.


Ces rails étaient présent sur chaque coté du sommet des arches .  On retrouve également ces installations identiques de rail  à la base de chaque arche. Les charges V agissaient comme ciseau et scindaient les arches de section carrés en  béton. 






Ce dispositif de type L fût ensuite mise à jour en Type R. Sur la rive "Schönberg", 3 puits de charges ont été emménagés dans les fondations de la voûte et les bases naturelles les supportant. Le PMA agissant comme centre névralgique et assurant la mise à feu est toujours visible. 





Le PMA visible ici en 1er plan...


Le PMA surplombe de peu les 3 puits de minages dont on devine ici
 2. L'un à gauche et l'autre au centre


Quand les anciens systèmes côtoient les nouveaux...






Cette image d'archive révéle la présence de passerelle à la hauteur des rails de charges V

Mai 2014:
Agendé depuis longue date, la "liquidation" de l'OMI du pont du Gottéron s'est fait cette fin de moi de mai 2014. Si de l'extérieurs rien ne change par rapport à avant, les entrailles du dispositifs ont maintenant été supprimée. Ce travail comprend le retrait des explosifs, du matériel éventuel de bourrage et des structures internes des puits de minage et du puits d'allumage. Le pont du Gottéron était l'un des derniers pont du canton à renfermer encore son minage. 


Quelques jours avant le début des travaux le passage à été fait... 

....pour la pose du monte charge



A ce moment là, les 3 puits de minage sont clairement visible. 

Sur place, Un "bouchon" du dispositif était visible. Le but ce cet élément était de scellé
 la partie explosif de l'extérieur. Un canal visible sur son flanc permettait la pose de la sonde humidité et son sommet permettait la pose de la plaque de codage posé par la troupe et
 qui permettait de visser le corps détonnant

Détail croquant: aux scellés du bouchon été adjoint des billes d'acier. Leurs rôles étaient de
casser tout outil ou burin si une personne aurait voulu retirer le bouchon...  




Le Pont de Zaehringen

L'intégration du minage passe clairement inaperçu. Ce que le passant peut prétendre à des portes de service pour le pont lui-même sont en fait des chambres de minage. Pour rendre la chose un peu plus fourbe, cette installation ne se trouve pas au sommet de l'ouvrage, mais bien évidement aux pieds de celui-ci.


 C'est donc par le chemin des Archives et au niveau du petit pont "sous le grand" qu'on accède à cet omi. On retrouve ici 4 chambres de minage, 2 puits de relais disposé dans les 1er et second piliers "Sud ouest" de l'ouvrage.




Octobre 2016: 
C'est lors d'une promenade dans le secteur que je m'aperçois que  le 3ème pilier était également équipé de "quelques chose". En l'état actuel: impossible d'en savoir plus mais la taille et la disposition de cette chose rebouchée laisse vraiment penser que du minage devait également être présent dans ce pilier. Peut être des niches de minages de type L présent avant la mise en place du nouveau dispositif?






le PMA, ou du moins le poste d'allumage, se trouve lui légèrement en retrait de l'ouvrage.



Cette installation aurait mis à mal les 2 piliers (rive "cathédrale") et fait effondré la moitier du pont en cas de mise à feu. 



Pont de la Poya

Il aurait été érigé 10 ans plus tôt, il aurait sans doute eu sa place dans cette article ;-)


Viaduc de Grandfey 


Ce grand viaduc d'acier construit par l'entreprise Scheider mesurant 400m de long et 80m de haut a ensuite été utilisé comme un gigantesque squelette de fer à béton lors de l'électrification de la ligne et du bétonnage de l'ouvrage dans les année 20. Bien évidemment, cet ouvrage était miné. 


Les charges étaient placées dans les Piliers 2 et 3. Chacun de ces piliers abritait 3 chambres de minage dispersées sur 2 étages. L'ensemble du dispositif ainsi que les échelles d'accès et les passerelles ont été retirés en 2012, Aujourd'hui seul des traces de chambres murées trahissent la présence de cet ancien dispositif. 

le système d'imagerie 45° de Google rêvéle au grand jour l'installation
du Viaduc de Granfey sur les piliers 2 et 3 

le pilier 2 tel qu'il est aujourd'hui...

... et son voisin le 3
.... et tel qu'il étaient équipé à l'époque 
(jaune = échelle / vert = plateforme / bleu = Canal cordeau) 
le triangle orange matérialise un support de poulie (monte charge) 




Un cliché fait par M. André Baechler
(que je remercie sincèrement pour l'autorisation de l'intégration de celle-ci dans cet article)
fait le 2 avril 2012 arbore encore les installations de minage.  
C'était un mois avant la liquidation de l'ouvrage.  (http://www.a-baechler.net)







Le tout était relié par des chambres de relais au sol, il est probable que le dôme de béton brut que l'on perçoit tout proche de là dans le sol, à une distance médium entre les 2 piliers eu été la position du PMA




L'entreprise devant démanteler ces éléments s'est trouvé face à des complications lors du retrait des explosifs. La grande nacelle devant accéder aux chambres perchées à près de 30m du sol s'enfonce dans le sol sablonneux de la zone. Toute une place a été créé pour stabiliser le terrain afin que tout puisse se terminer dans de bonnes conditions. Cette place, matérialisée par la présence de gravier est toujours en place à l'heure qu'il est


Les traces  du terrassement sont toujours visiblesde nos jours 



Pont  de la Madeleine

En parallèle au Viaduc de Grandfey, 1km en aval à ce dernier, l'imposant ouvrage autoroutier était aussi préparé à la destruction. 

Le départ du réseau de minage se fait tout proche de l'Ermitage de la Madelaine, Le local à accès mixte (militaire et Ofrou) renferme le point de départ du minage et il n'est pas impossible qu'il renferme un poste d'allumage.




Cet endroit est le point de départ du minage, un 1er minage se trouve dans la pente dans lequel les bases supportant le tablier sont posés. On devine les divers passages pour accéder au puits et les canaux à cordeau. 








Le réseau de minage continu le long du tablier équipé de 2 passerelles pour plonger ensuite dans les 4 piliers centraux. Les Charges sont ici mises en place via un monte charge, Des chariots étaient utilisés sur les passerelles pour transporter les charges. 









la troupe pouvait également passer par la base du pilier qui possède des accès.  En cas de destruction, c'est l'ensemble de l'ouvrage qui été démoli. La fondation sur lequel repose le tablier sur la rive "Fribourg" renferme aussi un local, mais celui est juste technique et serre de liaison entre les 2 passerelles. Aucun puits n'est présent    de ce coté. 

 C'est sans doute le plus vaste Omi de la région de Fribourg.  








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