mercredi 25 avril 2012

Qu'est ce qu'un Omi?

"Omi" est la contraction militaire et technique de "Ouvrage miné". On parle aussi parfois d'Objet Miné (si on traduit au plus près le terme allemand "Sprengobjekt"). Sous ces termes se cache tout un réseaux d'ouvrages d'art incorporant en permanence de l'explosif. Mise en place par l'armée à partir de 1900, densifier lors de la Seconde Guerre Mondiale puis mise à jour à l'aube de la guerre froide, ce réseau monté dans le plus grand silence aura été constitué de plus de 2000 ouvrages minées: Ponts, routes, voies ferrées, tunnels...





Le but d'un omi est de barrer la route à l'adversaire. Par la suppression ou le comblement pur et simple de la voie de communication. 


Les omis recouvrent l'ensemble des voies de communication suisse. Plus la zone est stratégique (zone frontière par exemple), plus la densité d'OMI est élevée. La plupart de ces ouvrages sont concu "clé en main", comprennez par là que les explosifs prévu pour la suppression de l'ouvrage se trouvent déjà scellé dans ces derniers. Tout ce dispositif à pour but de dresser des contrainte à l'assaillant, notamment en leur barrant la route ou et les freinant. . 



Il existe en  fait deux types d'omi.

Les ouvrage permanents (Type R):

Présent dès la fin des années 30, Les Omis  se densifié dès 1960 et se modernise dès les année 70 avec l'arrivée du   "Dispositif de Minage Permanent 75" C'est à partir de cette période que les OMI de type R  prennent du service. Avant cela, ce sont les ouvrage de type L qui sont mis en place, beaucoup de ceux-ci seront convertit par la suite  en type R. 

La configuration d'un OMI de type R s'axe sur l'explosif (en occurrence le trotyle) conditionné dans des chambres intégrées à même la structure de l'ouvrage. Ces chambres sont du coup scellées et remplies en permanence d'explosif  (mais non armée, nous y reviendrons plus bas). Ce procédé permet à la troupe de miner un ouvrage relativement rapidement (R = Rapide). Mais hormis la vitesse de mise en oeuvre et selon les degrés de préparation engagées (il y avait, lors de mon instruction, 3 degrés) l'omi pouvait être préparé et être exempte de soldats de gardes puisque que l'ensemble du dispositif était "intra muro". Ce procédé mobilisait donc moins d'hommes. 


Le trotyle, l'explosif utilisé pour armer ces ouvrages d'arts, est sensible à une décharge et non à la chaleur. Il est du coup inerte. Ce qui représente pour ainsi dire aucun danger en temps de paix. Comme cas concret , nous pouvons citer l'Omi du Gothard qui, encore chargé lors de l'incendie de 2001, n'a pas explosé.



On recense néanmoins 6 accidents liés aux Omis (sur plus de 2000 Omis) 
1935: Pont au dessus de la Thur, Wigoltingen. 
1939: Gandria, explosion d'un OMI suite à un orage (coup de foudre) 
1939: Un pont proche de Heerbrugg
1940: Un pont proche de Flaach
1941: Chillon, Route cantonale et voie de chemin de Fer
1944: Cenaire (Région de Orsière) 

Relié dans les médias: La catastrophe de Chillon (25 septembre 1941) reste l'incident qui aura le plus frappé les esprits. En plus d'avoir détruit la route cantonale et la voie de chemin de fer, l'explosion aura causé la mort de 7 personnes et à moitié enseveli un train marchandise.   


catastrophe du 25 septembre 1941 sur l'OMI de Chillon








Les chambre de minage pour les ouvrages de type R:

Les chambres et le puits sont les locaux qui accueille les explosifs, elles se divisent en 2 zone: la 1er est celle renfermant l'explosif et est inaccessible, scellé derrière des dalles  de bétons. La seconde, est quand à elle accessible, c'est ici que la troupe connectes les éléments pour la mise à feux. Nous y reviendrons plus bas. 


Les puits horizontaux:

On parle de puits horizontaux du moment que les charges se trouvent à la même hauteur que sa chambre d'accès, enfuit au fond d'un puits horizontal. 

L'entrée d'une chambre de minage horizontale...

...et ce qu'elle renferme.

Dans le cas présenté en image si dessus, la chambre à été démantelée. Un carottage a été effectué tout autour du "bouchon"  pour que ce dernier puisse être extrait. Ce bouchon, lorsque que la chambre est active, se trouve scellé dans le mur visible en arrière plan. Derrière ce mur se trouve  l'espace dans lequel l'explosif mélangé à du matériel de bourrage venait loger.

détail de l'espace de la zone de stockage de l'explosif

coupe d'une telle chambre (ici ancienne version, mais le principe reste
inchangé sur les dernières version de chambre) 


Les puits obliques:

Ici les puits ne sont plus horizontaux mais diagonaux. Des sortes de wagonnets contenant l'explosif était glissé le long du boyaux. Le tout était bien sûr également scellé par un bouchon identique à celui que l'on retrouve dans le puis horizontaux. 








le rail visible au bas du boyaux servait à guider les charges.
 Les traces de marteau piqueur désigne l'endroit où se trouvait le bouchon. 




Les puits verticaux:

Les puits verticaux détenaient  l'explosif au fond  d'un puits creusés verticalement. La face du bouchons scellé se trouve ici à l'horizontale au font de petit puits de minage. 

une version "académique" d'un OMI (puisque ce fut un omis d'instruction 
qui est visible à la caserne de Sion) , on y distingue une la ligne de couvercle recouvrant  les 
puits de minage. 





les plaques de ces chambres pouvaientt prendre la forme de son environnement 
respectif comme c'est le cas à Broc, sur l'ancien pont de  pierre 


ou comme ici, un modèle classique perdu sur la route de l'Hongrin


Ce que renfermait les puits (la plaque de base est supprimé sur cette image 




Les ouvrages non permanent (Type L):



Ces ouvrages de Type L sont exempte de tout explosif en temps de paix. Des logements (rails, tube ou chambres) permettent de loger ou arrimer les charges amenées sur place en temps voulu par la troupe. Beaucoup de type L furent érigé de 1930 à 1960. Pour la plupart de ceux-ci, l'explosif une fois mis en place était tantôt apparent tantôt enfermer dans des petites niches, ce qui mobilisait un certain nombres de soldats pour ce fastidieux travail et la mission de surveillance de l'ouvrage.






Leurs mises en service:


Le déploiement d'un ouvrage peut varier de la grandeur et du type ( permanent (R) ou non (L) ) et de la capacité de la troupe engagée. Cela peut s'étendre de 1 heure à 4 voir 5 jours pour les plus gros ouvrage. 

Sur ce type d'ouvrage, les DP étaient également existant. La troupe qui gérait  l'ouvrage effectuait également un grand travail de garde. 




Comment prépare-t-on un OMI pour sa mise à feu?



Pour les OMi de Type R 

la troupe ouvre les chambres et/ou les puits donnant accès à une surface plane et bétonné muni de crochet (c'est en fait le "bouchon" du dispositif). Juste derrière ce béton se trouve un canal de faible diamètre et remplis de trotyl qui est relié aux chambre  remplis d'explosif
  • Une plaque de base codée (alpha numérique) est fixée sur cette surface à l'aide des crochets 
  • Un corps détonnants conçu pour percer précisément la couche de béton est vissée sur l'un des trou de la plaque à  l'emplacement désigné par le code. Un seul et unique trou (parmis la 30aine) place la charge face au canal de trotyl scellé et caché derrière une faible épaisseur de béton. De ce fait, sans positionnement précise, il était impossible de tenter la moindre mise à feu de l'ouvrage. 
  • Les divers Corps détonnants armés dans chaque puits sont  relié en série par un cordeau détonnant.




Pour les Omis de type L


  • Les 1er Omis de type L, dès les 1900, étaient conçu pour accueillir des barils d'explosif. Très rapidement, ce sont des pain d'explosif qui seront utilisé par la troupe et fixé sur des logement situé à des points clés des ouvrages 







  • La densité des omis étant encore faible durant la mobilisation, certains ouvrage était bien évidement miné à la hate 



  • Les charges de trotyl peuvent aussi être mises dans de simples petites chambres prévu à cet effet. Ces chambres ne contiennent pas de matériel d'arrimage mais du matériel de bourrage se trouvant sur les lieux (sables, briques), permettant de finalisé l'installation des explosifs par la troupe. Ce type de minage était fréquent sur les OMI post 1960.




Dès les années 60, les Omis de Types L qui resterons en vigueurs recevront principalement 3 types de formats d'explosif que la troupe doit amener sur site et mettre en place.
  • les charges cylindriques (0,5 II / IV et 2,5kg)   qui sont glissées dans les tubes noyer dans le béton, souvent utilisé dans le tarmac des aérodromes. 
Canal pour charge cylindrique. Cette installation est prévu pour l’instruction. 
En temps normal ses tubes sont noyé dans le béton ou la terre


  • Les charges V (5, 10 et 20kg) sont  glissées et arrimées sur des rails déjà fixés en permanence sur l'ouvrage. L'exploitation des charges V est très utilisé pour les pont à arche, pilier creux et tablier de pont

Rail servant à glisser et arrimer des charges V.



Emprunte du mastique encore  visible après le retrait des rails
sous un tablier de pont. La boiter de dérivation et le canal pour le cordeau
détonnant sont visible en haut à droite de l'image


Un détonateur  vient  ensuite fixé sur chaque charges. Les diverses charges sont  ensuite relié en série par un cordeau détonnant.



En commun au 2 types d'ouvrages.
 Le cordeau détonnant passe ensuite d'une chambre à l'autre par un canal qui  peut être tantôt sous-terrain ou matérialisé  par des réseaux de tubes qui passent de chambres en chambre et au besoin par des puis de relais pour aboutir dans un boitier d'allumage ou  puits de mineur (appelé aussi solitaire ou PMA) . Profond de près de 2 mètre, ce puits et le centre névralgique du dispositif.



Schéma explicatif de la connexion en réseau des chambres d'un Omi 




A gauche: un plaque de chambre de minage, à droite: un plaque de puits de relais 

PMA/Solitaire de l'Omi de Broc





On retrouve dans ce PMA un coffret. En temps de paix, il ne s'y trouve qu'un clips. Sur l'image suivante (tiré du site fkw.ch) voici en détail ce que  vient accueillir ce clip lorsque un OMI est engagé.


L'allumage 



De gauche à droite: Le cordeau détonnant (en orange) qui est directement connecté aux diverse charges, le cordeau passe dans la douille de contact clipsée au centre du boitier. En bas à gauche: inséré dans le cylindre en bois le détonateur relié à une mèche lente et son dispositif d'allumage, en bas à droite, toujours dans un cylindre en bois on retrouve le détonateur électrique relié au câble électrique via le connecteur blanc. 
A noter que les détonateurs sont ici en "position de sécurité". Logés dans les plots en bois, il n'y a aucun risque d'allumage intempestif de l'ouvrage. Lorsque l'ordre est donné, les détonateurs sont insérés dans leurs logements bleus de la douille de contacte. Permettant ainsi le contact des détonateurs avec le cordeau, cet action équivaut à "chambrer la balle" lors d'un maniement de fusil. L'allumage principale est toujours effectué et assuré par l'allumage électrique  L'allumage via la mèche lente est un allumage d'appui qui prend le relais si le détonateur électrique n'a pas assuré son travail.





On retrouve sur cette image (tirée du site fwk.ch) tous les acteurs importants utiles à l'engagement d'un Omi. De gauche à droite La plaque codée, le corps détonnant (qui se visse sur la plaque et qui permet de transpercer le béton et de faire exploser le canal de trotyl mettant a feu la charge principale),  Le contenu du Boitier,  l'accumulateur électrique / poste d'allumage utile à la mise à feu électrique de l'ouvrage une charge cylindrique, une charge V (10kg pour celle-ci) 




Le concept de l'omi fût même exploité de  de manière bien plus inédite sur ... des bateaux. Et oui, tous les bateaux de navigation des lacs frontaliers (Constance, Léman, Majeur) avais un "n° d'ouvrage" attribué (le fameux Mxxxx) et étaient pour ainsi dire tous prêts à être couler si le besoins se faisait ressentir. 


Si je parle sur ce blog d'Omi, c'est qu'il a fait parti intégrante du dispositif du Réduit national. Il y a encore quelques années de cela, certains ouvrages d'art en construction intégraient encore les Omis lors de leurs réalisations. On peut prendre en exemple le viaduc de la Mauguettaz (sur le tronçon autoroutier de l'A1 Morat Yverdon) achevé en 1999  ou encore le pont autoroutier réalisé en 2006 et qui relie les 2 Rheinfelden qui se sont vu équipé de minage permanent.

Dans les années 90, un parachutiste de l'armée Ex Tchécoslovaque avait, lors d'un voyage à vélo au travers de la Suisse, recensé et photographié bon nombre d'ouvrages minés. Ce témoignage, parmi d'autre démontre que le réseau Omi suisse, était une "force" non négligeable.



J'ai moi même été Pionnier de forteresse, cette troupe spécialisé à travailler sur le Omi sous armée 95. Malgré tout, j'en découvre encore aujourd'hui dans des endroit insoupçonné. Certains de ceux-ci sont maintenant présenté sur ce blog. En Effet, si les explosif et et les éléments internes sont supprimé de ces ouvrages, les traces extérieur (puits, arrimages, échelles, ) peuvent encore subsisté longtemps. 











6 commentaires:

  1. J'aime bien la mention de version académique pour l'omi d'instruction à proximité de la caserne de Sion...

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    1. ;-).... Il nous sortait par les oreils à la fin.... content d'être parti sur le terrain par la suiite !!


      Note que le montage des arraingées... c'était aussi très sympas :-)

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  2. Excellent travail, et belles photos. Toutefois une photo de la plaque de code "clipee"sur le puit avec une charge d'exercice vissee dessus aurait ete la bienvenue. Le succes de la destruction d'un ouvrage residait non seulement dans un montage generalise parfait mais aussi et surtout de l'emplacement exact de la charge creuse sur la plaque codee. Execution selon les documents codes remis au chef d'ouvrage et selon le DP. ( Degre de preparation) Suis issu de l'ecole de Bremgarten et j'ai fini ma carriere en faisant des OMI ma specialite avec grande diligence et fierte.. :-) Merci pour vos ecrits et photos. Plt Pelet Pi.Fort 2/11

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    1. M. Pelet,

      Tout d'abord, je tiens à vous remercier pour votre passage ici et avoir pris le temps de lire quelques articles. Je suis d'autant plus heureux de voir que d'anciens PiFort font parti de ceux-ci.

      Par rapport à vos remarques:

      - dans le paragraphe "Comment prépare-t-on un OMI pour sa mise à feu?", second point de "Pour les OMi de Type R" j'approche l'aspect de la précision de la position du corps détonnant sur la plaque codé afin que la mission soit mené à bien.

      - La raison de l'absence d'une photo de plaque fixé en bonne et due forme est fort simple: je n'en ai pas à ma disposition afin de l'intégré a cet article. Si vous en avez une issue du règlement ou de votre collection personnelle que vous puissiez me céder. je l'intégrerai avec plaisir.

      De mon côté, j'ai effectué mon ER et ESO et payement de Galon (achevé en Mai 02) à l'école de forteresse de Sion. Incorporé à la I/12, Je n'aurais jamais eu la chance de pouvoir effectuer le moindre CR en tant que Pi Fort et sur les Omis avec ma CP. AXXI aura eu raison de nous au 1er janvier 04.

      Veuillez accepter mes sincères salutations et au plaisir de vous relire.

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  3. Tres content de votre travail, mes compliments...Les PiForts comme vous le savez peut etre deja (mais plus pour les lecteurs) integraient dans les bataillons des compagnies de lance mines semi-automatiques operant depuis des "monoblocs" souterrain, (les rouges) l'infanterie, des mitrailleurs et bien sur les Mineurs (Genie) assurant les Omis.(charge, defence,allumage) Une puissance de feu extraordinaire selon notre doctrine defensive...J'en garde d'excellents souvenirs.

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